LITANIE CAJUN
Si je n’écoute que les notes de mon corps la nuit sera bleue et or.
La lune a des notes blanches ? Et lointaines. Elles parlent cajun et forment un anneau, un halo, sur mon ventre. IMOANA.
Cela fait vingt ans maintenant. L’enfant que j’étais est parti dans la campagne sur un cheval sans selle, et je l’accompagne posé sur son épaule.
J’ai grandi, j’ai palpé les sons et leurs couleurs, je les ai transcrits sur sa peau pour qu’il se souvienne. J’ai commencé juste au-dessus du nombril de l’enfant et j’ai écrit en tournant autour. Mes volutes à l’encre bleue et or descendent en litanies jusqu’aux genoux tatoués de l’enfant que je fus. Que je fuis ? Que je suis. Puis elles montent au ciel, suivent l’enfant qui porte à présent le cheval sur l’autre épaule. Tous les trois nous avons quelque chose à voir avec Dieu.
Alors le cheval descend de l’enfant, je monte à cru à mon tour. Nous demandons à Dieu « D’où vient la musique ? ». L’enfant nous répond mais nous ne l’entendons pas, il est d’une hauteur infinie. IMOANA.
Nous mangeons, éteignons la bougie blanche, et partons vers la campagne. Cajuns.
Sevy Næj
08.2017