SETRI

 

Je savais qu’un jour je devrais quitter mon village.

Je savais qu’il ferait probablement nuit car chez nous l’obscurité dure parfois presque une année, et ces années-là les femmes qui attendent un enfant le portent à la seule lumière des étoiles, jusqu’à sa venue au monde.

Je savais que la nuit me manquerait, cette déesse silencieuse que je prie chaque soir avant de m’endormir « Nótt, prends soin de Setri et de mes parents »… mais là où je vais ce sont surtout le froid et ma famille qui me manqueront.

Je savais qu’un jour je partirais, c’était écrit, de cette encre pastel qui dessine l’avenir et trace le présent comme la route de nos pas dans la neige, depuis toujours.

Je savais que les gens se trompaient, ils croyaient naïvement que Setri ne nous quitterait jamais, il était là depuis si longtemps. Que Setri disparaisse était surtout leur plus grande peur car cela signifiait la fin de tout. Alors les gens priaient les anciens Dieux et leur offraient des vêtements et des bijoux qu’ils fabriquaient eux-mêmes, en chantant de vieilles incantations, y gravant des runes oubliées, et ils croyaient que cela suffisait. Mais cette nuit Setri s’est éteint.

Je sais comment faire revenir Setri ; pas parmi nous bien sûr, maintenant qu’il est parti on ne le reverra plus. Mais je peux emporter sa petite lumière dans le ciel, pour la faire briller près des étoiles de nos ancêtres, et si sa lumière brûle à nouveau alors nos vies pourront reprendre.

Je le sais grâce au vent, serviteur de la déesse Nótt, qui m’a fait porter la lettre de papier fabriqué par les hommes qui habitent là où il fait chaud.

Je ne sais pas lire leur alphabet écrit très serré, mais il y a des images gravées sur toutes les pages.

Ils savent envoyer un oiseau de métal blanc dans le ciel, il décolle dans les flammes avec ses ailes immobiles, tout droit vers le haut, et il apporte dans les étoiles les choses dont les gens ont besoin pour vivre.

Je ne sais pas d’où ils font s’envoler cet oiseau mais je demanderai mon chemin, et j’irai poser la lumière de Setri sur son bec noir, pour qu’il l’emporte au ciel.

Je sais que la bougie du vieux Setri brûlera une nouvelle fois, car les vieux cèdres ne meurent jamais vraiment, surtout ceux pour qui l’on a prié chaque soir avant de s’endormir.

 

Sevy Næj
02.2017

Découvrir la bougie NÓTT, dont le parfum au cèdre a inspiré l’histoire du Setri
(qui signifie cèdre en Finlandais) …

Nótt « Setri »

35,00  Prix abonné : 28,00 

La Bougie de Février 2017

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